Récit

ZigZag, l’aide alimentaire à la sauce végan

"Notre démarche est résolument inclusive : à travers les repas que nous préparons et distribuons, nous voulons toucher tout le monde."
Membre de ZigZag cuisine solidaire

Trois fois par semaine, ‘ZigZag cuisine solidaire’ prépare et distribue des repas chauds et végan aux personnes migrantes et sans-abri du parc Maximilien. Outre le fait d’offrir de la nourriture à des personnes dans le besoin, l’association propose aussi un moment d’échange et de convivialité. Elle bénéficie du soutien de la Fondation Roi Baudouin dans le cadre de l’appel ‘Solidarités alimentaires, un pas vers l’inclusion’.

Au parc Maximilien, près de la gare du nord à Bruxelles, un groupe d’une dizaine de personnes, originaires de la corne de l’Afrique, patientent près d’un banc. Elles grelottent : les premiers frimas de l’automne les ont pris par surprise. Soudain, la camionnette arrive. Les hommes se mettent en mouvement, dans sa direction, et organisent une file. Ils sont une cinquantaine environ. Dans le même temps, quatre bénévoles de l’association ‘ZigZag cuisine solidaire’ sortent du véhicule. Ils déplient une table et commencent à distribuer de la nourriture dans des petites barquettes. Un plat chaud et consistant. Un mélange de légumes bien épicés. Ce soir, c’est un ragoût de pommes de terre, carottes et brocoli, le tout agrémenté d’un pesto vert et d’une bonne tranche de pain.

Un homme, originaire d’Algérie, connaît bien ce rendez-vous avec ZigZag. "Ça fait trois mois que je suis à la rue. Trois ans que je vis en Belgique", dit-il. "J’ai besoin de manger. Ici, ils respectent les gens. Ils font des plats chauds. Ils nous parlent gentiment." Plus loin, Daniel attend son tour. Il vient à peine d’arriver d’Erythrée. Il a entendu dire, aux alentours du parc, que "la nourriture est bonne ici". Le bouche-à-oreille fonctionne. Avec ses comparses, il vient pour reprendre un peu d’énergie avant de poursuivre son voyage.

‘ZigZag cuisine solidaire’, c’est une association de fait qui prépare et distribue environ 250 repas chauds, trois soirs par semaine, au parc Maximilien. Ce sont des citoyens solidaires, qui s’organisent par eux-mêmes. S’ils livrent leurs repas dans ce coin du nord de Bruxelles, c’est qu’ils savent bien "qu’il s’agit d’un endroit où les gens qui ont besoin d’aide alimentaire sont nombreux", dit l’un des membres de l’association. Il évoque ces hommes et parfois ces femmes, qui ont faim et qu’ici, on ne veut pas appeler ‘bénéficiaires’, de crainte de stigmatiser.

100% végan

Chez Zigzag, on revendique des valeurs fortes. L’horizontalité, l’absence de relations de pouvoir. "On fonctionne de manière indépendante, c’est un projet autogéré, nous souhaitons être le plus inclusifs possible", explique l’un des membres. Mais le collectif reste bien les pieds sur terre : "La démarche ici n’est pas de lancer de grandes discussions théoriques et politiques. On est dans le pratique : on coupe des légumes et on les cuisine, on distribue de la nourriture à des gens qui ont faim." Un autre considère qu’il y a "un peu de poésie dans ce que l’on fait. En récupérant des choses qui devaient être jetées, pour les transformer et en faire d’autres choses." Avant tout, les membres de Zigzag veulent créer un "espace de convivialité" et un lieu d’échanges. Parfois, des liens se tissent avec des personnes qui bénéficient de l’aide. "Certains viennent nous aider avec la cuisine". Un moment d’échange, où le juste dosage des épices fait partie des grands enjeux. Parfois, il s’agit simplement de discuter.

Ils sont environ une dizaine à faire partie du ‘noyau dur’ de ZigZag. Une vingtaine d’autres gravitent autour de l’association. Le projet fonctionne d’abord par la collecte de légumes invendus (de préférence bio), de pâtisseries et de pain. Le collectif Nojavel, qui récupère les légumes destinés au compost dans des supermarchés bio, fait partie des ‘fournisseurs’ de ZigZag.

Le projet est résolument végan. L’objectif premier de ce choix d’alimentation réside dans son caractère inclusif. "Cela permet de toucher tout le monde : avec des légumes, la question des interdits alimentaires ne s’applique pas", explique un membre de ZigZag. Et puis, la gestion des stocks de légumes est plus aisée que la gestion des stocks de viandes. Ce choix du végan s’inscrit aussi dans la recherche "d’alternatives à un mode de consommation carnivore qui a des impacts sur le réchauffement climatique."

Les membres de ZigZag se réunissent trois fois par semaine et entament la collecte des denrées. Il n’y a pas de tâches attitrées. Les rôles tournent en permanence. C’est sur les murs que sont écrites les consignes pour ranger la cuisine, allumer les réchauds, organiser les repas. ‘Life is Zigzag’, peut-on lire dans le grand local, à Laeken. L’association cherche à réduire encore plus son empreinte carbone. Ses membres envisagent l’achat, grâce au soutien de la Fondation Roi Baudouin, d’un vélo-cargo en remplacement de la camionnette pour les livraisons. Cette aide doit aussi permettre d’acheter du matériel, de nouveaux frigos, de nouveaux réchauds.

Ce soir, toutes les personnes qui ont bénéficié d’un repas chaud, d’un sourire, d’un échange avec les membres de ZigZag, pourront passer la nuit le ventre plein. Une aide bienvenue à une problématique qui, malheureusement, ne cesse de croître.

À propos de l’appel ‘Solidarité alimentaire, un pas vers l’inclusion’

Partant du constat que l’aide alimentaire répond à un besoin croissant et qu’elle constitue un précieux maillon dans l’ensemble des démarches vers l’inclusion sociale, la Fondation a lancé mi 2021 un nouvel appel destiné à renforcer et accroître l’efficacité des acteurs de l’aide alimentaire. 52 organisations réparties dans tout le pays viennent de recevoir un soutien, pour un montant total de près de 360.000 euros. ‘ZigZag cuisine solidaire’ est l’une des organisations bénéficiaires.

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